Jan Krizek : "chez moi l’homme ne doit jamais disparaître"
Dans le cadre de l’exposition d’Art contemporain « Collection en mouvement – Jan Krizek » présentée à la médiathèque Xaintrie Val’Dordogne du 3 avril au 16 juin, une conférence par Isabelle Rocton, chargée de collections au FRAC-Artothèque du Limousin, a été proposée au public le samedi 2 juin.
Artiste tchèque, arrivé à Paris en 1947 pour y nouer des contacts artistiques et y travailler la sculpture, la céramique, la peinture et la gravure, il resta en France jusqu’à sa mort en 1985. Coincés par le « Coup de Prague » de février 1948, lui et sa femme Jirina décidèrent de rester en France s’interdisant tout retour dans leur pays.
C’est ainsi, à Paris, à la toute fin des années 40 puis au cours des années 50 et 60 qu’il créa l’essentiel de son œuvre et se fit connaître et respecter d’autres artistes (Pablo Picasso, Jean Dubuffet, Pierre Alechinsky, André Breton,Toyen, Jean Degottex, René Duvillier…), et les critiques d’art Michel Tapié et Charles Estienne.
Abstraction lyrique, Tachisme, Art informel, Cobra, Art brut et Surréalisme étaient les mouvements qui fleurissaient alors dans la capitale française. Jan Krizek côtoya tous ces mouvements sans exception et fut, à un moment ou un autre, associé à leur histoire, sans pour autant les intégrer.
Inspiré des arts primitifs et antiques, il a développé un art spontané et universel. Toute son œuvre fut consacrée à la représentation de la figure humaine.
Mais la vie quotidienne de Krizek à Paris restait difficile et précaire, suite à d’importantes difficultés financières, sa femme et lui décidèrent de quitter définitivement la capitale pour s’installer à la campagne, où, Krizek pour y pratiquer l’apiculture.
En 1962, réunissant toutes leurs économies, Jan et Jirina Krizek achetèrent un terrain au Bartheil, sur la commune de Goulles, non loin de la ferme d’un compatriote, Oldrich Dubina, qui les avait aidés en 1948 en les accueillant un temps, à Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle.
Faute de moyens dans le déménagement il ne put transporter son œuvre qu’il détruisit, mais sa femme conserva sa collection particulière. A cette date il arrêta toute production artistique.
Krizek construisit de ses mains une première, puis une deuxième cabane en bois, où il vécut jusqu’à son décès en 1985. Son épouse et « égérie », fidèle à son souvenir, demeura dans les cabanes jusqu’en 2009. Elle légua les œuvres au Fonds Régional d’Art Contemporain du Limousin.
Krizek étant connu sur le territoire, mais pas son oeuvre, ce fut l’occasion d’échanges et de témoignages entre les personnes présentes, dont certaines ont bien connu le couple Krizek
Isabelle Rocton, par sa présentation, a rendu un bel hommage au profond travail de l’artiste, à sa pensée libre, indépendante et entièrement consacrée à son œuvre. Mais elle rappela aussi, le rôle constant de Jirina, comme soutien et critique de l’œuvre de son mari. Elle a apporté des précisions sur leur mode de vie si humble, se contentant de peu, mais riche de leur culture et d’un esprit très fusionnel.
Pour connaître davantage l’artiste et son œuvre, une monographie d’Anna Pravdova et Bertrand Schmitt est disponible : « Jan Krizek, Chez moi l’homme ne doit jamais disparaître », co-éditée par le FRAC Limousin et la Galerie Nationale de Prague-Limoges en 2015.
L’Association Histoires de Passages proposera une projection du documentaire « Jan Krizek, sculptures et abeilles » de Martin Reznicek, sur le couple Krizek, le samedi 21 juillet à 21h à Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle.
Médiathèque intercommunale Xaintrie Val’Dordogne
Horaires d’ouverture le mardi et le jeudi de 9h30 à 13h30, le mercredi de 9h à 18h et le samedi de 9h30 à 16h30
Plus d’informations sur www.xaintrie-val-dordogne.fr – 05.55.91.90.11